Voilà, j'ai écrit un texte assez court au sujet de la drogue... C'est inspiré d'une chanson de Tryo, Apocalypticodramatic.
Marie, ou «Apocalypticodramatic»
Apporte-moi mes cachets
Serre bien ma camisole
Accélère... Encore le son de ta voix
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
Putain de drogue... Un petit joint, une petite piqûre, et c'est parti, t'es dépendant. Marie le sait. Marie le sait même trop bien. Marie est ce qu'on peut appeler une "droguée". Pour moi, c'est juste une petite fille perdue au milieu d'un monde trop grand pour elle.
Sirènes obsédantes
Métal hurlant, plastique qui résonne
Aux arcades d'acier de l'oreille
Entartrée par ton ouïe déficiente...
Aux arcades d'acier de l'oreille
Entartrée par ton ouïe déficiente...
Ça a commencé pendant une soirée chez des amis. Elle était déprimée. Son mec venait de la larguer sans raison. Total, un gars, mine de rien, lui a proposé une cigarette. Puis une autre. Et un joint, finalement. Marie les a fumé. Elle se sentait bien, après le joint. Détendue. Plus rien ne pouvait l'atteindre, elle était à mille kilomètres, sur son nuage. Une belle sensation.
Des éclairs chopent tes yeux au hasard
Les lasers t'étranglent et t'enfoncent leurs dards
Cette nuit sucera ma sève
Moi je m'en fiche, je "rave"
Après les joints, elle a enchaîné sur les piqûres. Pour voir. Finalement, elle a combiné les deux. Un peu plus un peu moins, qu'est-ce que ça change ?
Shootée en permanence, elle ne pouvait plus vivre sans sa dose par jour, sinon, elle sombrait. La réalité était trop dure. Beaucoup trop dure pour être vécue sans une... aide.
Apporte-moi mes cachets
Serre bien ma camisole
Accélère... Encore le son de ta voix
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
Et puis les crises de schizophrénie ont commencé. Avec le canab', il fallait s'y attendre, mais Marie ne s'en apercevait pas. Et c'est comme ça qu'elle a commis un crime.
C'est le grand rassemblement
C'est la fête ou la teuf des Grands
Aux yeux écarquillés, aux pupilles dilatées
Et aux coeurs dressés
Pendant une teuf entre potes, la petite copine d'un ami est devenue hystérique et a arraché le joint de Marie. Celle-ci est devenue violente et l'a poussé de la terrasse. La fille a fait une chute de deux cents mètres pour s'écraser sur une voiture, garée sur le parking. Le sang a giclé de partout, en même temps que les morceaux de verre du pare-brise.
Par le battement de coeur
Qu'elle te prend sans savoir
Ton pauvre coeur qui n'en peut plus
De ne plus pouvoir respirer
Depuis, Marie est internée en hôpital psychiatrique. Elle est complètement amorphe, ne prononce plus une seule parole, en dehors de ses crises de violence. Elle est en manque permanent. Elle passe ses journées assise sur son lit, les yeux dans le vague. Elle a des flashs de son ancienne vie. Sa vie d'avant. Où tout allait bien. La vie sans cette saloperie qui te transforme en légume.
Eh toi p'tit con !
Qu'est-ce que tu fais là ?
Dis-moi p'tit con,
Tu viens franchir le pas ?
Je m'approche d'elle. Elle est assise, comme toujours. Les yeux fixés sur le linoléum vert, comme toujours. Un infirmier entre à ma suite. Il lui enfile une camisole, au cas où elle aurait une crise de violence. Elle ne réagit pas. Ça me fait mal de la voir comme ça alors que je l'ai connue quand elle était juste... vivante... Heureuse malgré ses petits malheurs.
Mais t'ignores le parfum
Enivrant, obsédant
Qui te couvre d'ivresse
Te transforme en détresse
Et peut faire de ta soirée
Comme une éternité à crier
Je m'assieds à côté d'elle, au bout du lit. Je ne la regarde pas. Si je le fais, je vais pleurer. Je n'en peux plus de la voir comme ça. Où est Marie ? La vraie Marie ? Je reste silencieuse. Je sais que si j'ouvre la bouche, ma voix va trembler.
Apporte-moi mes cachets
Serre bien ma camisole
Accélère... Encore le son de ta voix
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
« Maman ! »
Elle a parlé.
« J'ai froid »
Marie frissonne et se balance d'avant en arrière sur son lit. Je ne sais pas quoi faire. Je la regarde.
« Maman ! J'ai peur. Viens me chercher. Ils ne veulent pas me laisser partir. »
Marie a pâli. Ses lèvres tremblent. Une larme coule sur sa joue.
« Maman ! Éteint la musique, elle est trop forte. »
Je la regarde, sans comprendre. Quelle musique ?
« Maman ! Mon joint, rend moi mon joint. »
Marie a haussé la voix.
« Rend moi mon joint ! »
Elle a crié plus fort. Je me lève, effrayée.
« JE... VEUX... MON... JOINT ! »
Marie hurle. Elle se débat. La camisole l'empêche de bouger. Ses cheveux volent en tous sens. Ses yeux se révulsent. Elle pousse des cris suraigus, inhumains. J'ai peur. Mon amie me fait peur.
Mais au nom de la vie, de ces quelques uns
Qui sont restés bloqués sur ton drôle de chemin
Au nom de mon ami malade
Qui hurle au fin fond de son hôpital
« Maman ! Maman ! Pardonne-moi. J'en ai besoin ! Besoin de mon joint... »
Elle s'est calmée, mais son teint est pâle, trop pâle, et ses yeux sont révulsés, presque hors de leurs orbites.
« Maman ! Ne les laisse pas m'emmener ! Maman ! »
Je m'approche d'elle, m'assieds en l'entourant de mes bras et la serre très fort.
Apporte-moi mes cachets
Serre bien ma camisole
Accélère... Encore le son de ta voix
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
« Dis leur... Dis leur à tous ! »
Sa voix tremble. Ses mots sont hésitants. Mais elle parle.
« Dis leur... Il ne faut pas y toucher. C'est méchant... »
Elle marque une pause.
« Maman... Tu leur diras ? »
Que dire ?
« Maman... Réponds !
- Oui, Marie. Je leur dirai. Je te le promets.
- Merci. Adieu, Maman. Je t'aime, Maman. »
Apporte-moi mes cachets
Serre bien ma camisole
Accélère... Encore le son de ta voix
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
J'ai tenu ma promesse. Je leur ai dit. De ne pas y toucher. Que c'était méchant.
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
Ça fait bientôt un mois que Marie est morte. Elle est partie pendant son sommeil, un sourire léger sur les lèvres. Comme libérée...
On était trois à son enterrement. Ses parents et moi. Sur la tombe, il y avait écrit :
« Marie, dix-sept ans, nous a quitté le 22 octobre 2001.
Elle restera dans nos cœurs »
Elle s'est envolée pour toujours, mais je n'oublierais jamais ces mots.
Ma techno-délire psychédélique
Apocalyptico-dramatique...
« Je t'aime, Maman. »
Dites-moi ce que vous en pensez, et si vous avez des textes en réserve dans un coin de votre DD, n'hésitez-pas à me les envoyer... Je serais hyper-contente de les lire!