Le sang des Rois
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Je souhaite préciser que ce OS n'a strictement aucun rapport avec une quelconque décision ou plans tordus concernant le personnage mis en scène dans ce OS. C'est juste un OS écris dans mon humeur du moment, avec mon perso que j'aime le plus. Voilà.
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Shakespeare avait dit : La vie est une comédie, qui se joue devant la multitude et se termine dans la solitude. Rien n'est plus vrai.
Qui suis-je ?
Lliane Silva.
Et que suis-je ?
Plus rien. Un lambeau de vie, une gloire passée.
Peut-on qualifier de vie ce que j'ai vécue ? Peut-on qualifier d'humain ce que l'on m'a fait ? Même pas, car je ne suis pas humaine, et je ne suis même pas une elfe. Une demie, une bâtarde. Fille d'assassin, je suis née condamné. Condamné de vivre et de respirer.
Que jamais on ne me délivre,
Des liens de mon enfance,
Que jamais je n'ouvre le livre,
Où je comprendrai mes souffrances...
Ma vraie vie fut achevée à la fin de mes quatre ans. Ici commença le cauchemar... Combien de fois ais-je espérer que je rêvais ? Oh oui, combien de fois ais-je prier que tout ceci n'était qu'un cauchemar, et que j'allais me réveiller dans les bras de mes frères ou de ma mère ?
Mon père m'a tout volé. Je ne pourrais jamais le lui pardonner. Volé mon enfance, mon innocence et ma naïveté d'enfant, volé mes amours. Il a voulue faire de moi un être de pierre et de glace, alors que je suis une fille du feu et de la lumière. Il m'a volé ma lumière pour y mettre son ombre. M'a volé mes larmes pour y mettre mes regards froids comme la glace. A taillé mon corps pour en faire un objet de séduction. Oh mon père, pourquoi ne m'as-tu jamais aimé ? Toi qui voulais une fille, pourquoi m'as-tu détesté ? Et toi, maman, pourquoi avoir épousé un tel monstre ? Mais jamais mes questions ne trouvèrent une réponse.
Que jamais je ne puisse paraître,
Ce que je ne suis pas,
Que je sois telle qu'on m'a faite,
Et non telle qu'on me voit...
Aussi glauque puisse paraître ma mentalité, de ma vie de petite et de jeune fille, je n'eu que cette mentalité et devise :
Personne ne m'aime, j'aime personne.Plus tard, libéré de l'emprise paternelle, je passais à :
Ne rêve pas ta vie. Vis tes rêves !Aujourd'hui, on ne soupçonne rien de ce que j'ai pu vivre. Mon talent à jouer la comédie me sert plus que jamais. Comme a dit si justement Tony, je donne l'impression de tout montrer aux autres, alors que je ne leur dis rien de moi. Tony, toi, m'aimes-tu ? Sous tes airs neutre et froid, je ressens toute la chaleur que tu pourrais donner. Mais tu ne donnes rien. Est-ce la mort de ta femme qui t'en empêche ? Ou est-ce moi, et moi seule, qui entrave ta guérison ?
A quelques exceptions près, jamais on ne me connut vraiment. Aujourd'hui, je me meurs.
Avec une fascination morbide, j'observe le sang coulant de mes veines, le sang coulant des entailles de mes poignets. Un rictus ironique apparaît sur mon visage, ce visage aux traits droits et fins, plus grossier que n'importe quelle elfe, et plus séduisant que n'importe quelle humaine. Quand j'étais petite, on me disait que les rois et fils et filles de roi avaient le sang bleu, et j'en étais très fière, naïve que j’étais. Mais je ne vois qu'un sang rouge et épais, si rouge, presque noir. Comme je te connais, mon sang, pour toute les fois où tu as jaillis de mes blessures, de mes plaies, causé par les coups, le fouet ou les armes, ou même la magie. Mes larmes de douleur coule le long de mes joues, le long de mon cou, traçant de minces sillons sur ma peau si pâle. Mes cheveux d'un noir d'encre coule sur mes épaules et mon dos, me caresse la joue, me rassure de leur douceur et leur toucher familier.
Que je ne me forge pas des armes,
Pour endurcir mon coeur,
Que je ne m'invente pas des larmes,
Sous l'oeil des projecteurs,
Que je ne devienne, jamais de glace,
Devant la vie qui saigne,
Que je reste toujours à ma place,
Parmi les gens que j'aime...
C'est volontairement que je me suis ouvert les veines. J'ai tellement mal. On dit que dans la mort, on ne souffre plus. Mais j'ai tellement mal, le sang coule tellement, et si lentement... j'avais oublié que les elfes sont plus fort, plus résistant... combien de temps vais-je rester ainsi ?
Soupirant, je me laisse glisser au sol, trop fatiguée pour rester debout. Mes cheveux se répandent sur le sol et se tâche de rouge en rencontrant la mare de sang coulant sur le sol. Mes vêtements et mon cou sont déjà couverts de sang. J'aime le rouge, couleur de courage, couleur de Gryffondor. Mes élèves de Gryffondor, vous souviendrez vous de votre directrice, de votre professeur ? D'autres larmes viennent se joindrent au sang, le rendant plus liquide, étendant la mare. Un profond soupir m'échappe tandis qu'un long frisson me traverse, renversant ma tête en arrière. Une furieuse envie de me reposer, de dormir. Je me laisse allez...
C'est tout ce que je demande,
Vivre, où l'amour peut m'attendre,
En laissant pleurer mon coeur,
Par le sang de mes douleurs...
En restant, seulement moi-même...
Des étoiles passent devant mes yeux. Bleu. Rouge. Noir. Noir.
Noire...
Que jamais ne vienne le jour,
Où le temps me mangera,
Où j'écrirai mes amours,
Sur des feuilles d'agenda...
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Que tous les diamants du monde,
Dorment dans leur écrins,
Que mes joies les plus profondes,
Me viennent de trois fois rien...
La douleur est revenue. Suis-je enfin morte, en plein Enfer, ou encore sur cette Terre ? Un nouveau soupir m'échappe.
- Lliane ?
Je ne dois pas être morte... sauf si je me trompe... je connais cette voix. Chaude, grave, profonde. Geoffroy.
- Lliane, fais un signe, n'importe quoi, cligne des yeux, mais montre moi que tu m'entend !
Oui, c'est bien lui... mon grand frère... obéissante et docile, j'essaye d'ouvrir les yeux. Trop mal. Je me contente de tourner la tête vers la direction de sa voix.
- Will !! Mme Pomfresh ! Ewan ! Garcia !
Un bruit de cavalcade me massacre mes tympans déjà douloureux. Mon ouïe est augmentée encore plus sous la douleur.
- Miss Silva, êtes-vous consciente, ou lucide ?
J'acquiesce, incapable de faire un autre mouvement, une douleur lancinante me vrillant les poignets, le ventre et les cuisses.
- Merlin... essayez d'ouvrir les yeux, Miss, s'il vous plait.
Un autre effort surhumain après et j'ouvre enfin mes yeux, encore vitreux, incapable de parler. Une voile de brume me brouille la vue. Une paire de bras puissant m’étreint alors et je reconnais l'odeur de la peau de Tony. Il parle, mais je n’entends rien. La voix de Will me parvint. Douce, apaisante. Je sens sa main attraper la mienne.
- Lliane... Si tu es en état de comprendre ce que l'on dit, sers ma main.
J'obéis une nouvelle fois. Je ne comprends pas. Je ne comprends plus.
- Tu as fait une tentative de suicide, Lliane.
Sa voix est nouer, voilé. Pleure-t-il ? Lentement mes forces me reviennent, même si une douleur diffuse m'empêche encore de réfléchir...
- On a eu si peur, Lliane. Pourquoi est-ce que tu as fais ça ?
Trop faible et beaucoup trop bien dans les bras de Tony pour tenter de me détacher de son étreinte, je me contente de lui envoyer un regard. Vide, morne. Mes prunelles vertes de brillent plus. La flamme de la vie les a quitté, et elle ne reviendra que dans un moment. Des larmes emplissent mes yeux et un seul son m'échappe.
- Tony...
Surpris, je crois, il me sert encore plus. Je pleure de fatigue, de douleur. Et de soulagement. Je vis donc ? On n’a pas voulus de moi, là-haut ? L'Ange de la Mort a trouvé que je pouvais encore vivre ?
Que jamais je ne sache compter,
Plus loin que jusqu'à deux,
Sans chercher à monter,
Sur la colline des dieux...
Je répète inlassablement son nom, un peu comme on récite une prière. A chaque fois il me répond d'une autre pression sur mon corps affaiblis et m'adresse une longue caresse du dos de sa main sur mon dos. C'est apaisant... Puis je commence à parler un peu plus. Je prononce les noms de mes frères, de mon ami, de Ewan... de Ertuilë, de Remus, mes fils. Will reprend.
- J'ai eu tellement peur quand je t'ai trouvé dans ton sang, les veines des poignets, le ventre et les jambes entaillés... tu te vidais de ton sang, tu en étais couverte, c'était horrible. J'ai vraiment crus que c'était fini et que tu allais mourir. Oh Lliane, je t'en prie, ne refais plus ça, plus jamais, je t'aime tellement, petite soeur !
Je ne réponds rien. La chaleur me gagne. J'ai moins froid. Je me sens un peu mieux.
- Pardon... Pardon Will, pardon Geoffroy...
Ma phrase n'est qu'un murmure, mais provoque autant d'effet que si je l'avais prononcé à voix haute. J'entend alors la voix inquiète d'Ewan.
- Moi aussi je t'aime, Lliane ! Tu es ma meilleure amie, je te l'ai déjà dit, tu n'es pas toute seule !
Il saisit ma main que Will a lâchée. Je reconnais le timbre de sa voix inimitable. Je comprend alors pourquoi je ne comprends pas Tony. Il parle en espagnol.
Me reculant un peu, je rencontre ses incomparables yeux marron et y découvre toute la douleur et la peur de la mort qui l'ont taraudés. Peur de perdre encore une fois quelqu'un qu'il aime ? Comme Michelle... ?
Que sur les chemins du doute,
J'avance mes rêves au cou,
En rencontrant sur ma route,
Des gens semblables à vous...
Maintenant, je comprends. Ma vie n'est peut-être pas finie, après tout... peut-être puis-je encore la meubler et la compléter... Levant enfin les bras, ignorant les regards brillant de surprise, mais joyeux, de mes frères, de mon ami, j'effleure les hautes pommettes de cet homme que j'aime tant. Puisant dans mes forces revenues, je relève la tête et presse mes lèvres sur celle de Tony. Un baiser comme en procure une longue absence ou un grand amour. Les deux sont au rendez-vous. Jamais je ne pourrais revenir de plus loin que les rives de la mort. Je peux encore vivre. Je veux encore vivre.
C'est tout ce que je demande,
Vivre, où l'amour peut m'attendre,
En laissant pleurer mon coeur,
Par le sang de mes douleurs,
En restant, seulement moi-même...
Et je comprends une valeur que j'avais oubliée. La couleur d'un sang importe peu. Sa valeur vient de celui ou celle qui le porte. Un sang unique coule dans mes veines et a couler de mes blessures.
Le sang des Rois.