"Le début de l'ascension"

*Mikhail traversait les rues de Pré au Lard en pleine nuit, l'âme en peine. Cela faisait plusieurs jours qu'il ne dormait plus - depuis la fin de son premier cours, en fait. Les mots que Suzanne avaient prononcé l'avaient frappé droit au coeur, comme elle devait s'y être attendue... il revoyait encore son petit sourire satisfait lorsqu'elle le nargua, après avoir répondu aux questions des élèves :*

~... "comme toi, qui préfères l'ignorance, parce que tu es trop lâche pour..." ...oui, je préfère ne pas savoir. Il me serait peut être encore plus difficile de dormir si je connaissais la vérité... mais est ce que ça a vraiment encore de l'importance ? Elle est morte... et je ne la reverrais plus jamais, ni elle, ni sa mère... ~

*Il ne savait plus trop que penser. A l'origine, il en avait voulut à Ignacio - pas parce qu'il le suspectait d'avoir fait disparaitre sa fille, mais parce qu'il s'était tenu là, au moment de ses derniers instants, et qu'il n'avait rien fait pour l'empêcher de disparaître. Ce petit crétin n'était décidemment bon à rien... mais ce qui l'avait le plus énervé, c'était qu'il n'avait pas élevé la voix pour se défendre. Comme s'il acceptait l'accusation. Et malgrés tout, il s'était trouvé acquité - une telle insolence ne pouvait être impunie ! Et pourtant...*

~Je devrais arrêter d'en vouloir à ce pauvre garçon... ce n'est pas parce qu'il est stupide, peu attentif en classe et vantard qu'il est responsable de ce qu'il s'est passé... peut être que je devrais lui parler, un de ces jours...~

*Soudain, il s'immobilisa - quelque chose avait bougé, une ombre, peut être, mais trop grosse et vive pour n'être qu'un effet de lumière. Mikhail tira sa baguette et se tint près à tout.*

Qui va là ?

*Nihilos, tel une ombre prenant soudain vie, se tira des ténèbres. Toujours aussi impressionant, et aussi silencieux, il parla d'une voix calme et profonde.*

Je reconnais bien là un ex-auror, le fameux Gombrowitz... on dit que rien n'échappe à ta vigilance, pas vrai ? Mais tu as tout de même mit du temps à me trouver. J'aurais put te tuer 7 fois, pendant que tu réflechissais...

Ravi que tu n'ais pas saisis l'opportunité, alors... mais à qui ai-je l'honneur ?

~Un loup garou ? Qui parle ? Qu'est ce que... c'est impossible, je croyais que cette malédiction empêchait toute pensée rationelle ! Qui est ce... cette chose ? Ne me dites pas que...~

Je me fais appeler Nihilos... mais j'imagine que je ne t'apprends rien, pas vrai ? Après tout, un homme aussi informé que toi devrait me connaître, puisque je suis... asez unique.

*On pouvait distinguer dans sa voix l'ombre d'un amusement contrôlé.*

Evidemment... j'ai entendu les rumeurs, mais nous n'avions aucune sources sûres... il faut dire, c'est difficile à croire. Nihilos, le premier et le seul loup garou à avoir entièrement renoncé à son humanité... et à en avoir tiré des bénéfices, visiblement.

*Gombrowitz pointa sa baguette dans sa direction*

Tu aurais dû me tuer quand tu en avais l'occasion. Tu es recherché pour de nombreux meurtres particulièrement barbares... je ne vais pas laisser passer cette occasion, retraite ou pas.

*Nihilos produit alors un son qui pouvait aussi bien être un rire qu'un grognement*

Réfléchit un peu, Gombrowitz... si toi et ta petite baguette représentiez le moindre danger pour moi, crois tu que je me montrerais ainsi ? Je t'ai observé pendant plusieurs jours, et si j'ai choisis ce moment pour me présenter, c'est bien que j'estime qu'il s'agisse du meilleur, non ?

Peuh... si tu crois que ton bluff va marcher sur moi ! Voilà un aller simple pour Azkaban, espèce de monstre ! STUPEFIX !

*Un éclair jaillit de la baguette de Gombrovitz, et zébra à travers la nuit. Mais avant qu'il ne frappe sa cible, Nihilos donna une manchette dans l'air et heurta l'éclair : celui-ci se dissipa, comme sous l'effet d'un contresort. Des petites étincelles de magie jaillirent de la paume tendue du loup garou, et le vieil auror put voir, l'espace d'un instant, le pelage de son bras luire d'une couleur reconnaissable entre toute.*

~De l'octarine ? Mais qu'est ce que... ~

*Une goutte de sueur perla sur le front de Gombrowitz*

Qui... qu'est ce que tu es... ? Comment as tu fais ça ?

Tsk tsk tsk... pauvre petit auror... ta petite magie ne marche plus, et te voilà tout dépourvu.

*De nouveau, ce bruit étrange, entre la menace et l'amusement*

J'ai atteint des sommets, Gombrowitz... par la seule force de ma pensée, j'ai atteint un niveau innacessible aux hommes médiocres qui peuplent cette planète. Je suis devenu puissant - autrement plus puissant que ce sang-de-bourbe que vous craigniez tant, et qui vous donne tant de mal... Je sais qu'aucun homme sur cette terre n'est mon égal, et que personne ne peux m'arrêter lorsque je me fixe un but. Je devrais m'en sentir grisé - je devrais pouvoir en être fier et heureux. Et pourtant, sais tu ce que cette constatation m'a inspiré ? Sais tu quel fut le premier sentiment qui me traversa, lorsque je vit que j'étais arrivé au sommet ?

Non, et je n'en ai rien à foutre ! A la garde !

*Gonbrowitz cria aussi fort qu'il le put pour être entendu par les autres habitants.*

*Nihilos, rapide comme l'éclair, jaillit des ténèbres et lui bondit dessus. D'un coup sec et précis, il lui coupa le souffle et lui brisa la voix. Mikhail sentait une énorme puissance musculaire derrière ces coups, mais ce n'était pas tout - il y avait aussi autre chose, quelque chose qui s'insinuait dans tout le corps, et lui bloquait les organes. C'était comme si chacun de ses coups était un sortilège... et un sortilège puissant. Il ne fallut qu'un petit enchaînement à Nihilos pour complètement paralyser Gombrowitz. Cela fait, il le prit sur son dos et le porta à travers les rues, bondissant comme un fauve dans la nuit. En quelques minutes, Pré au lard était déjà loin, et les lumières de la ville n'étaient que des étoiles perdues au ras du sol. Alors, et seulement alors, Nihilos se pencha à l'oreille de Gombrowitz, et lui souffla :*

La solitude, Gombrowitz. Que de la solitude. Mais c'est bientôt fini. Il y en aura bientôt un quatrième... et j'aurais enfin un égal sur cette terre.

*Ce disant, il l'entraîna dans la forêt interdite, disparaissant dans les ténèbres.*